jeudi 23 février 2012

Blogue 4: Kenskoff


Kenskoff

Le premier soir que j’étais en Haïti, Catherine et Élise, deux autres volontaires que j’avais rencontré en formation m’ont parlé d’une randonnée qu’elles allaient faire avec Stève, un collègue de Québec. Cette randonnée partait de Kenskoff dans les hauteurs du département de l’Ouest, et se rendait jusqu’à Seguin, de l’autre côté des montagnes. Certains vont même jusqu’à redescendre de l’autre côté pour se rendre à Jacmel. La décision a donc été prise rapidement que je me joindrais à eux pendant la fin de semaine du carnaval national pour vivre cette aventure.

Étant donné mon historique dorsale qui a fait en sorte que ma forme physique a été littéralement réduite à néant, je me suis d’abord informé auprès de Stève notre organisateur, pour m’assurer d’être capable de suivre le groupe. Extrait de sa réponse :

« Ne sois pas trop inquiète. Comme expliqué dans les schémas, on marche surtout sur une crête, donc ça va être quand même physique mais pas «extrême». Et on n'est pas pressé non plus. 19 km, c'est le max. Si le départ se fait un peu plus loin que je ne le pense, ce sera 16 ou 17 km. Une montée plus robuste au 2/3 de la journée sur 1 km. Puis on descend les 5 autres vers l'auberge. Si on prend 6 heures pour marcher ça, on arrivera en fin de PM, 15h30 - 16h00. Ne t'en fais pas, si j'ai déjà été beaucoup plus en forme «dans ma jeunesse», je le suis beaucoup moins aujourd'hui... car je traîne un bon 20 livres de trop depuis plusieurs années, en raison de mon amour pour la cuisine! Faque... »

C’est donc avec détermination et malgré mon amygdalite, que nous nous élançâmes tous les quatre sur la route de Kenskoff vers 8h45 samedi matin. Le paysage devint rapidement pittoresque et époustouflant. La route, très mauvaise, ne permettant qu’à quelques chauffeurs de motos-taxis téméraires de passer, nous avons croisé bon nombre d’ânes, de petits chevaux et de femmes porteuses de gigantesques paquets sur leurs têtes (je leur voue un culte sans bornes, mais je préfère de loin mon sac à dos bien ajusté et la santé de mes vertèbres cervicales).

Passant de petits villages en petits villages et admirant la culture des légumes à flanc de montagne, nous nous sommes rapidement rendu compte, que la crête était beaucoup plus accidentée que ce que l’image satellite ne nous l’avait laissé entendre. La montée plus robuste au 2/3 de la journée était en fait la plus robuste d’une bonne quantité de montées robustes… Mon orgueil en a pris un coup à plusieurs reprises, me faisant « clencher » par des enfants, les fameuses femmes en « Crocs » troués, portant 30 kilos de patates sur leurs têtes et tutti quanti.

Pendant plusieurs kilomètres, nous avons eu droit à une suite royale d’enfants que nous croyions fascinés par notre passage (dont un arborant les couleurs du Canadien de Montréal !!!). En arrivant à un immense dépanneur au milieu de nul part, nous avons rapidement compris le subterfuge. Notre petit attroupement étant en fin de compte fort habitué au passage de touristes blancs comme nous, rêvait secrètement d’une collation. Stève a donc acheté une dizaine de gâteaux « comparaître » (une spécialité de Jérémie dans la Grande-Anse, que j’ai eu la chance de déguster l’an dernier mais qui dans notre cas s’avérèrent dégueulasses). J’ai tant bien que mal tenté de mettre un peu d’ordre dans la distribution des vivres en demandant à la douzaine de garçons de se mettre en ligne. Peine perdue, ils se garochèrent littéralement sur Stève, certains réussissant à obtenir plus d’une portion. Enfin bref, un enfant étant un enfant peu importe où dans le monde, la situation me rappela des centaines d’images de louveteaux se chamaillant pour un bout de pain sec malgré le festin qui leur avait été servi quelques heures avant. À la différence que probablement que la moitié de l’attroupement présent n’avait probablement pas mangé à sa faim depuis quelques temps…

Au bout de ladite dernière montée robuste et après plusieurs pauses plus ou moins longues pour nous sustenter, reprendre notre souffle ou prendre des photos, quelle ne fut pas notre surprise de tomber sur un représentant Natcom derrière son kiosque qui vendait des cellulaires. On se serait cru dans un sketch de Samedi de Rire…

En redescendant un peu, nous dirigeant vers l’Auberge, nous sommes rentrés dans le parc de la Visite, parc de conservation (du moins, ils essaient que ce le soit…) abritant une des dernière pinède de l’île. Ça sentait bon, on se serait cru dans le parc de la Mauricie si cela n’avait pas été des immenses agaves en fleurs dispersées un peu partout dans la forêt. Magique !!! J’attendais juste que des fées sortent de leurs cachettes. J’étais heureuse, l’odeur me rappelait ce que j’aime du Québec et la chance que j’ai de pouvoir encore faire de l’activité physique malgré les problèmes de dos qui m’ont ralenti pendant quelques années.
 
En arrivant à la très rustique mais oh combien bucolique auberge, nous avons pu assister à un magnifique coucher de soleil avant que la maisonnette ne soit replongée dans la brume humide de la montagne. Nous étions à 1900 mètres d’altitude et il faisait froid. Très froid…

Après cette première nuit emmitouflés dans des draps approximativement propres et des couvertures aux effluves de moiteur, nous nous sommes levés pour déguster un petit déjeuner chaud fort apprécié. Le BBQ de mouton de la veille ayant été absorbé rapidement dans notre recherche de chaleur, les omelettes et le café passèrent très bien. Malgré nos muscles endoloris, nous avons décidé de prendre le sentier que remontait le ruisseau vers la cascade malheureusement à sec à ce temps-ci de l’année. C’est donc sur un grande roche plate que nous avons passé une partie de la journée à nous prélasser au soleil pendant que Stève faisait son « tough » en se jetant dans le bassin glacé. Étonnant quand même que les écarts de température puissent être aussi extrêmes.


Le lendemain, sur le chemin du retour, nous avons pu admirer le paysage à l’envers. La route fût un peu moins difficile, mais il serait de vous mentir que de ne pas avouer le plaisir que nous avons eu que notre chauffeur soit à l’heure au rendez-vous pour que nous puissions immédiatement nous écraser sur la banquette du véhicule.

Mardi gras a été consacré plus à l’entretien de notre gras de ventre que de nos muscles. Marie-Josée est venue passer l’après-midi avec nous autour de la piscine. Nous avons mangé et bu et remangé et rebu. Kampaï !












Pêchier


Callas










NB : Ma rencontre avec YMCA-Haïti a super bien été. Un partenariat devrait se faire pour un centre à Dessalines. Yé !

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