mardi 28 février 2012

Blogue 5: Quelques anecdotes


Tricot : Pour quelle qu’absurde raison que ce soit, je me suis mise en tête d’apprendre à tricoter pendant que je suis ici. D’aucuns diront que c’est plus ou moins inspirant de manipuler de la laine à 30 degrés et ils ont raison. Samedi, j’ai donc décidé d’honorer la mémoire de ma grand-mère qui avait tenté tant bien que mal de me faire aimer cet art de la broche quand j’étais petite. C’est donc armés de ma broche circulaire, de ma pelote de laine bien enroulée, du patron (en anglais, pfff facile!) et de mon ordinateur branché sur Youtube, que j’ai entrepris de faire ma première tuque à vie, bien campée dans le divan moelleux du salon. J’ai d’abord trouvé une vidéo me montrant comment enfiler les mailles. Cette étape terminée, j’ai eu besoin d’un petit rappel des bases des « à l’endroit », « à l’envers »… Une heure plus tard, tout allait toujours bien, j’étais prête à attaquer le patron (en anglais, pfff facile!) que la charmante vendeuse m’avait très bien expliqué au magasin lors de mes achats à Montréal. Mais le problème, c’est que dans ma profonde assurance que de toute manière ça me reviendrait et que bah, je suis super habile de mes mains, pis que franchement c’est pas si difficile que ça faire une tuque, je n’avais pas vraiment écouté les explications de la madame. P1, K2, P3 pour moi, c’est des numéros de places de stationnement au centre d’achats Rockland!!! Pas des mailles de tricot!!! J’ai donc décidé de tout défaire et de m’en tenir à la maille à l’endroit pour quelque temps encore. J’ajouterai une fleur en tissus et des boutons en revenant pour faire jolie… J'aurai au moins hérité du don en couture de ma grand-mère!

Ma pizza!!!
Le Club Indigo : Dimanche, mes copines de Port-au-Prince et moi, nous étions donné rendez-vous à mi-chemin, à la plage du très convoité Club Indigo (anciennement un Club Med). Le complexe est très joli, on m’a dit que les chambres sont petites et désuètes, mais peu importe, la plage est propre et il y a des chaises longues pour tout le monde! Que demander de plus! C’est donc vers 9h30 que nous nous sommes confortablement installés sous notre petite hutte de paille sur le bord de la mer avec nos noix de coco transpercées d’une paille et quelques couches de crème solaire. Sincèrement, je crois que je vis une histoire d’amour passionnel avec la mer des Caraïbes… Même les poissons venaient me donner des becs sur les chevilles! En tout cas, vers midi, nous avons réalisé que nous avions faim et nous a pris l’idée saugrenue de commander une grande pizza aux légumes et une frite. Nous avons rapidement reçu nos boissons. Et l’attente commença. À noter que le four à bois se trouvait à peu près à 50 mètres de nos chaises. Eh bien, ça a pris 2h30 avant d’avoir notre pitance. Heureusement, c’était bon. Bref, en Haïti si vous voulez vous faire livrer une pizza, vous êtes mieux de vous armer de patience ou de la faire venir par Fedex, ça prendra moins de temps.

La Minustah : Je suis arrivée au Club Indigo en même temps qu’un convoi de casques bleus brésiliens remplis de testostérone et énervés comme des garçons de 14 ans. Ça m’a fait sourire, sans plus. Plus tard dans la journée, j’étais avec Élise et nous nous dirigions vers la piscine pour nous y rincer de l’eau salée de la mer. Arrivée au bord de ladite étendue d’eau bétonnée, Élise se tourna vers moi :

-       Heuuu… Est-ce que tu te sens un peu comme un morceau de viande en ce moment?
-       Heuuu… Un peu… As-tu un peu l’impression d’être dans un fantasme gai?
-       Heuuu… Un peu…

C’est qu’il y avait à peu près une centaine de pectoraux bronzés qui nous observaient de la tête aux pieds. Nous avons donc fait quelques longueurs de piscine jusqu’à ce que Élise me lance un :
-       On sors-tu? Je n’ai pas envie de tomber enceinte dans la piscine.

On s'est dit toute la journée qu'on s'ennuyait de la neige
Et j’acquiesçai en me dirigeant vers l’échelle et la paire de pectoraux qui me dévisageait, la plus proche… Merde, je pensais pourtant que mon bikini me couvrait bien… Prochaine fois, j’apporte mon speedo « one piece » bleu… Ou pas… :-P (Malheureusement, quand je suis retournée pour prendre des photos, le mirage s'était évaporé...)

Les Stars de Dessalines: Ce matin j’ai été invitée par le capitaine de l’ASD, l’équipe de foot semi-professionnelle qui est passée, tenez-vous bien, en deuxième division!!!! Les Dessaliniens ne sont pas peu fiers de cet exploit, qui pourtant me laisse relativement indifférente puisque je ne connais absolument rien au foot. Cela dit, je fais semblant que ça me passionne pour ne pas les blesser et parce que somme toute, ça m’enlèverais un peu de crédibilité dans le cadre de mon mandat. Par contre, j’insiste (et mes amis des scouts comprendront pourquoi) pour leur dire que je ne peux pas jouer. Et systématiquement la question vient :

-       Mais pourquoi?
-       Parce que je vais vous faire perdre…
-       Meuh non, c’est pas grave, c’est juste un jeu…

Me semble oui, que c’est juste un jeu!

Entrée du terrain de jeu
Terrain (beurk!) de jeu
Enfin bref, je me présente donc comme convenu, sur le terrain de jeu (qui fait partie de 70% des défis de mon mandat, tant ça fait dure…). Une trentaine de jeunes adultes entre 18 et 30 ans jouaient au soccer sous le regard admiratif d’enfants, d’adolescent et de vieux. À un moment, on siffla un arrêt de jeu et Lafontant, mon hôte, me prit par le bras et m’installa dans le milieu d’un cercle formé de tous les joueurs de l’équipe qui attendaient que je prenne la parole. Mais pour dire quoi!?!?!? J’ai donc bafouillé des salutations et je leur ai demandé leur collaboration. Pourtant, je ne suis pas du genre à me laisser intimider… Il faudra que j’apprenne à jouer au foot en rentrant…

Gagner un enfant : Sur le terrain de foot, en train de regarder l’entraînement, je discute poliment avec les messieurs de tous âges autour de moi. Je pose des questions sur le foot, le terrain, le sport chez les jeunes filles etc. Tout à coup, un haïtien d’une vingtaine d’années en chemise immaculée se retourne pour se joindre à la discussion. À un moment, LA question vient sur la table, dans un français fortement assaisonné de créole :

Le garçon : - Êtes-vous mariée?
Moi :          - Oui. (Maintenant je réponds oui, c’est beaucoup moins compliqué.)
Le garçon : - Et vous avez des enfants.
Moi :          - Non, pas encore. Mais je préfèrerais avoir un enfant avec mon mari. (Ça aussi ça m’épargne beaucoup de propositions plus ou moins indécentes… Et ça leur évite de penser que mon "mari" est un incompétent! Hehe!)
Le garçon : - Mais oui, bien sûr, avec votre mari. Mais voulez-vous gagner un enfant?
Moi :          - Pardon? Mais non, je ne peux pas gagner un enfant! Si j'en veux un, je dois le faire!!!
Le garçon : - …!
Moi :          - …? 

Après réflexion faite, je crois qu’il me demandait si je voulais avoir un enfant. Le verbe avoir en créole se dit « gen » (à prononcer « gain »). Une mauvaise traduction du créole au français pourrait effectivement donner « gagner ». Il faut vraiment que j’apprenne à parler créole!

Un enfant et une mangue : En retournant vers la maison ce matin, je croise mon voisin d’une douzaine d’années dont je ne me rappelle pas le nom (quand tu te fais présenter des dizaines de personnes par jour, tu peux pas retenir les noms). Il est super gentil, m’a demandé des millions de fois de lui donner un ballon de foot et me salue régulièrement à travers la grille de la maison. Lucie le connaît très bien et il connaît tous les conseillers. En marchant avec moi…

-       Madame Catherine, ou pral vin wè pratike foutbòl mwen nan Samdi?
-       Je vais essayer oui de venir voir ta pratique de foot… (Son entraîneur venait de passer quelques minutes à me dire que ses joueurs n’avaient pas d’équipement approprié et qu’il peinait à avoir des ballons).
-       Ok… Madame Catherine, Mwen pa janm manje ankò jodi an. Ou pa ka ban m 'yon bagay?
-       … (côliss, y'a pas mangé encore, pis il mangera sûrement pas…) Ok, vient avec moi, je vais te donner une mangue. Mais tu me promets que tu vas la manger pour être bien concentré à l’école cet après-midi. Ok ?
-       Ok.
-       Et je ne pourrai pas t’en donner à tous les jours…
-       OK, mèsi Madame Catherine, mèsi anpil !

Y’as-tu quelqu’un qui va commencer à se grouiller le cul et trouver de l’argent pour que les enfants mangent avant d’aller à l’école dans ce pays !?!?!? Voilà c'est naïf et irrationnel, mais c'est dit.

Des enfants au Carnaval à Dessalines




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