Dans
l’intimité de mes partenaires (ou presque…)
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En réunion... J'ai l'air de savoir de quoi je parle han? |
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Au ministère de la jeunesse, des sports et de l'action civique |
Moi : - Les gars, vous êtes vraiment intenses pour 7h15 le matin, vous ne trouvez pas?
Phito : -
Haha! Tu n’aimes pas parler de religion?
Moi : - Je
n’embarquerai pas là-dedans…
Fritz : -
Non, mais regarde, je leur expliquais que je trouvais ça bête que tout le monde
pense que Dieu va sauver le pays. Je dois bien être un des seuls Haïtien en
Haïti à ne pas être croyant.
Patrick : -
… (Il est adventiste et extrêmement croyant)
Moi : -
Bon, écoutez les gars… Voici mon point de vue. J’ai eu une éducation catholique,
j’ai fait un choix à un moment de ma vie. Et je considère que je mets en
pratique les belles valeurs de l’humanité aussi bien et parfois même mieux que
bien des gens dévots.
Fritz : -
Les gens perdent leur temps à prier plutôt qu’agir!!! Que Dieu existe ou pas,
ce n’est pas Lui qui va régler nos problèmes, c’est nous. Tout ce qu’Il peut
faire c’est de nous donner du courage. (Je n’aurais pas pu mieux dire…)
Patrick : -
… C’est vrai que les gens oublient d’agir…
Phito : -
Haha…
Arold (notre
chauffeur sauvé par Dieu lors de sa maladie) : - …
Notre première
réunion a eu lieu au ministère de la jeunesse, des sports et de l’action civique,
avec le directeur de la jeunesse. Si ma gang de bozos se grouillent le
derrière, je crois qu’ils sont disposés à financer une partie du projet. J’ai
même suggéré que le ministère investisse dans un salaire de directeur des
services récréatifs, ce qui a été reçu positivement. Le directeur a même
proposé d’utiliser Dessalines comme exemple pour les autres municipalités du
pays.
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En réunion avec YMCA Haïti |
Fritz : -
Heureusement que Jésus est du domaine public, parce qu’il y a quelqu’un qui
ferait beaucoup d’argent avec ça!
Moi : -
HAHAHA!!!! C’est la meilleure que j’ai entendue depuis longtemps! Surtout
venant d’un Haïtien…
Fritz : -
Hehe!
Nous avons donc
mangé au Épidor. Malheureusement, le chauffeur a dû aller chercher un autre
conseiller volontaire au Champ de Mars (on n’a pas le droit de rester là trop
longtemps, ça peut facilement péter dans ce coin de la ville) et nous avons
patienté 1h30 au resto, ce qui nous a donné amplement le temps de discuter.
Fritz et Patrick en ont profité pour aller faire une course. En attendant…
Phito : -
Je ne le crois pas que ton copain a pu rester fidèle pendant 4 mois…
Moi : -
Euh… Ben, pourquoi il me mentirait là-dessus? Et pourquoi n’en serait-il pas
capable si moi j’en ai été capable?
Phito : -
Impossible! Un homme ne peut se retenir plus que deux semaines!
Moi : - Les
Haïtiens sont faibles!
Phito : -
Ton copain est fou.
Moi : - …
Phito (regard
triomphant) : - Ha! Tu sais plus quoi dire, han?
Moi : -
Phito, t’as jamais entendu parler de ton amie la main droite???
Phito (un peu
décontenancé par mon commentaire) : - … Hahaha!!!!
Les gars
(revenant de leur course) : - De quoi vous parlez?
Phito : -
Catherine pense que les hommes sont capables d’être fidèles.
Patrick : -
Mais oui on est capables!!! Faut juste un peu de volonté!
Moi : - Tu
vois! Et puis de toute manière Phito, maintenant que tu es marié, c’est fini
les p’tits ménages!!!
Phito : -
Ha… Heu… Pfff…
Moi : -
Vous réagiriez comment si votre femme vous trompait?
Fritz (sourire
en coin) : - Ben, c’est clair qu’on la met à la porte de la ville et qu’on
la lapide! (J’aime bien l’humour de cet homme. Je crois qu’il pourrait devenir
mon ami!)
Moi : -
Hahaha!
Fritz : -
Sans blague, l’homme on le félicite pour sa bonne prise et la femme se fait
souvent abandonner.
Moi : -
Phito, tu ne trouves pas ça un peu injuste?
Phito : -
Mouin… Vu comme ça…
On a aussi eu
une longue conversation sur le féminisme. Phito nous a discourut sur le fait
que l’égalité entre les hommes et les femmes était un faux problème. Les deux
autres l’ont ramassé bien comme il faut (heureusement!). Cela dit, je ne le
critique pas. Il y a beaucoup de chemin à faire en Haïti à ce sujet. Je vous
dirais que ça se résume bien dans cette phrase que j’ai utilisée à plusieurs
reprises suite à des commentaires comme : les femmes ne veulent pas
s’impliquer, les femmes sont paresseuses, les femmes sont bien dans leur rôle,
etc.
Moi : - Les
gars, si les femmes n’étaient pas occupées à torcher vos bobettes, à torcher
vos maisons, à torcher vos enfants, elles auraient le temps de s’impliquer. Les
femmes ont des idées et de grandes idées, qui plus est. Il faudrait juste que
vous commenciez à les écouter! ET à torcher vos (criss) de bobettes vous-même!

Mercredi, nous
avons eu une rencontre avec YMCA-Haïti. Encore là, si les gars se grouillent le
popotin, je crois qu’il devrait y avoir une belle collaboration qui pourra se
développer.
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Rencontre avec l'Athlétique d'Haïti |
Rozo prise 1
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Ma belle Chelda! |
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Les quatre jolies demoiselles |
J’ai alors vu
Santona qui riait en faisant la lessive. Puis, Evens, Pedro et maman Madou sont
venus me saluer chaleureusement. Madou semblait très affaiblie par la thyphoïde
qu’elle a eue cet hiver. Elle était tellement contente de me voir qu’elle s’est
écrié « Catherine!!!! W gwo! ». « Merci Madou! ». Ici, se
faire dire qu’on est grosse c’est le compliment ultime. Ça veut dire qu’on a
l’air en santé! Mais vous n’êtes pas obligés de me le dire si j’ai engraissé
quand je vais revenir, ok? C’est acceptable venant de Madou, mais c’est tout!
Je n’avais pas
réalisé jusqu’à maintenant combien j’étais attachée à ces gens. Quand je suis
arrivé chez eux l’été dernier, je n’allais pas très bien. J’étais en train
d’essayer de remonter à bouts de bras et avec mes ongles, le puits dans lequel
j’étais tombé depuis deux ans. Sans le savoir, ils m’ont lancé la corde dont
j’avais besoin pour finir de me hisser. Je leur en serai donc éternellement
reconnaissante.
Après ces
retrouvailles émotives et le fameux thé à la cannelle de Madou, Doris, Jonathan
et moi sommes allés nous baigner. J’ai retrouvé l’odeur étrange du chemin nous
menant à la plage. Le cours de la rivière avait changé. Le bassin où j’avais
l’habitude de me laver était à sec. Mais c’était toujours aussi beau! Sur le
chemin, des enfants me criaient « Mme Catherine, où est Meigge? Où est
Valentine? Et Thomas, Fabrice et Ève-Marie??? ».
Gérard s’est
plaint de ne plus recevoir de subventions et ça m’a fait de la peine. Le travail
qu’il fait est remarquable. Mais il se fait vieux et il n’a pas tant d’énergie
pour courir après les bailleurs de fonds… Et moi, qu’est-ce que je peux faire?
Le problème, c’est que c’est toujours à recommencer. Une organisation finance
un projet sur une certaine période de temps et après… Ben après, ce n’est pas
encore réglé la situation du pays, les gens ont pas plus d’argent et les
projets meurent… Et à ce moment-là, c’est de l’argent pitché par les fenêtres…
Et c’est des enfants qui se retrouvent encore sans avenir. Alors… Moi, qu’est-ce
que je peux bien y faire???
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Doris au Scrabble |
En fin d’après-midi, nous avons quitté Rozo pour nous rendre à Jérémie. Nous avons dormi dans une jolie et confortable petite auberge. Le resto où nous avons mangé était correct. Doris nous a torchés au Scrabble en soirée, mais à force de jouer avec elle, je m’améliore. En regardant une carte de l’Afrique, je me suis mis à parler de la République Démocratique du Condo. Jonathan m’a demandé si je ne parlais pas plutôt du plateau Mont-Royal. Je suis vraiment n’importe quoi des fois… Tk, fallait être là. Le lendemain matin, Doris m’a fait un massage. C’est vraiment pratique de voyager avec une massothérapeute!
Les Abricots
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La porte arrière de notre gîte |
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Atelier de broderie de nappes |
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Souper au couché de soleil |
Le lendemain
matin, je suis allé marcher sur la plage après m’être baigné. Une fille d’une
vingtaine d’années m’a abordé. Elle s’est mise à me parler de son organisation
de jeunes qui œuvrait au niveau du reboisement et qui était en train de
développer un projet de culture du cacao tout en respectant une charte
environnementale très sévère.
Moi : - Tu
sais Farah, je vais te dire un secret.
Farah : -
Ah oui?
Moi : -
Oui… L’avenir de ce pays réside dans les femmes. Vous êtes fortes, courageuses
et pleines d’idées géniales!
Farah : - Merci!
Moi : - Je
suis très sérieuse.

Moi : - Tu
n’es pas d’accord avec ce que je viens de dire?
Alex : -
Non.
Moi : - Eh
bien, il va falloir commencer à travailler ensemble… Tu ne peux pas nier que
les projets de Farah sont super intéressant et à l’avantage de la région qui a
tout avantage à se développer.
Alex : -
Oui, bon… C’est vrai.
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Pêcheurs aux Abricots |

Jonathan et
Doris ont fini par se joindre à nous. À la fin de la réunion, Doris m’a fait le
plus beau compliment « J’pense que les jeunes avaient pas envie que ça
finisse… ».
Nous avons passé
le reste de l’après-midi à discuter avec Gérard. Amos, Duckerson, Herbyson et
Ricardo sont venus me saluer. C’est étrange, j’ai remarqué que les Haïtien ne
sont pas très démonstratifs quant à leurs émotions. Ils m’ont tous dit qu’ils
étaient contents de me revoir, mais ne me l’ont pas du tout démontré… Ils
avaient l’air gênés…
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Avec Myrriame |
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La petite Cristelle endormie |
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Nathalie, Junie et Jean-Philippe |
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Mes timouns |
Je ne suis pas allé
dormir sur le toit et je l’ai amèrement regretté dès l’instant où ma tête s’est
posé sur l’oreiller. Il devait faire 1000 degrés dans la pièce… J’ai fini par
m’endormir malgré tout, mais je ne peux pas dire que ce fut d’un sommeil
réparateur.
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Doris, Jonathan, moi et papa Gérard |
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Port Salut |
Je suis vraiment fière de toi. Vraiment.
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