Bienvenue en Haïti !!! On m’avait préparé, on
m’avait averti et je savais… Mais j’espérais que ce serait un peu différent
pour moi. J’ai eu ma rencontre avec les partenaires, du moins, certains
partenaires. Ils étaient cinq présents. Des messieurs tous très gentils et
pleins de bonnes intensions. Nous nous sommes présentés, résumés nos parcours
respectifs. Ils m’ont tous dit combien ils étaient contents que je sois là.
Et puis la réunion s’est terminée et puis rien. Lucie la coordonnatrice leur a
dit que j’étais là pour les faire travailler et pas pour tout faire moi-même. Tout de
même, à la fin de la réunion, rien. Je leur ai dit de me dire quand je pourrais
aller les voir dans leurs organismes, rencontrer les jeunes et les autres
artisans du projet, mais toujours rien…
Vendredi matin, j’ai eu une réunion avec Lucie. Nous
avons discuté longtemps. Elle m’a donné un peu plus d’information en me disant
que si le mandat était à réécrire, elle le changerait complètement. Et je suis
retournée chez moi de l’autre côté de la rue légèrement découragée et en me
demandant ce qui m’avait pris d’aller me foutre dans ce merdier. Ne vous
inquiétez pas, je ne regrette rien et vous ne m’entendrez pas me plaindre
pendant quatre mois. Si jamais ça devient le cas, je reviendrai car je me suis
juré de ne plus jamais être malheureuse !!!
Enfin bref, après ma sombre journée de vendredi, je me
suis promis de prendre le temps de décompresser pendant la fin de semaine.
Samedi matin je me suis donc rendu au marché avec Lucie et Geneviève une autre
CV avec qui je crois que je vais bien m’entendre. Nous avons acheté des fruits
et des légumes et j’ai décidé que j’en avais assez de la déprime. J’ai donc
acheté un joli panier pour étuver le riz et un balai artisanal. En revenant, j’ai accoté le balai
dans un coin de ma chambre car on dit que ça chasse les mauvais esprits. J’ai
ensuite imprimé quelques photos que j’ai collé de part et d’autre de mon lit
(des photos du mariage, une photo de Momo) et j’ai volé un fauteuil en rotin
dans la salle commune d’en haut qui ne sert jamais. Décorer ma chambre un peu
m’a fait le plus grand bien !
Le marché de Dessalines n’a rien à voir avec le marché
Jean-Talon ou le marché Atwater. Enfin, ce n’est pas vrai. C’est un marché. On
y vend des fruits, des légumes, des œufs, du pain, des fèves séchées, de la
viande (à mes risques et périls), toutes sortes de bébelles et du charbon. À la
différence que les couleurs ne sont pas les mêmes. Au marché ici, on ne
retrouve pas les étales colorés et propres de ceux de chez nous, ni les amoncellements esthétiques de fruits et légumes. Tout est un peu
gris, un peu "boueteux", un peu "bouateux", ça sent le poisson et l'humidité, de sorte qu’au début on est un peu
réticent, un peu dégoutté. Mais
quand on prend le temps de parler aux marchands, de négocier avec eux (parce
qu’ils ont évidemment un prix de blanc et un prix haïtien), de faire des
blagues, on découvre les mêmes personnages colorés et souvent sympathiques que
dans nos marchés, mais à la façon de leur culture, de leur réalité. J’ai hâte
de parler créole pour pouvoir apprécier à fond le marché, d’y aller toute seule,
de découvrir se qui se trouve derrière ces sourires et ces moues.
Marie-Josée est arrivée en avant-midi pour passer la fin
de semaine avec nous. En soirée nous nous sommes fait venir du poulet du
St-Hubert BBQ local. Nous avons bien bu et bien mangé Lucie, Marie-Josée, les
quatre autres conseillers volontaires (John,
Geneviève, Thalès et Jean-Joseph) et moi. Les deux Canado-Haïtiens qui sont
avec nous ont longuement parlé de politique haïtienne avec Marie-Josée et
Lucie. C’était bien d’avoir leurs points de vue à tous les quatre. J’ai écouté
le plus attentivement que le vin me le permettait, afin de tenter de comprendre
du mieux que je le pouvais cette situation si complexe qui hante le pays depuis
beaucoup trop de décennies. Nous
sommes ensuite allés nous promener dans le centre-ville un peu, bref au coin de
la rue. J’ai rencontré Franky, un Canado-Haïtien de 65 ans qui passe ses mois
d’hiver ici et qui y tient un dépanneur avec sa jeune et très jolie femme de 28
ans. Son autre femme et ses autres enfants endurent les joies de l’hiver à
Montréal pendant ce temps-là ! Haïti!
Ici, les soirées se passent souvent au dépanneur du coin.
Les propriétaires sortent les haut-parleurs et mettent de la musique
entraînante. Les gens prennent une bière, discutent, rient se draguent. Les
chiens rachitiques passent, les chats se grattent, les soûlons essaient
d’attirer l’attention en dansant des strip-tease ratés et pathétiques.
Vers minuit je suis allé me coucher fatiguée, repue et
pompette, mais satisfaite de ma soirée avec mes nouveaux compagnons.
Ce matin John, malgré sa gueule de bois intense, s’est
levé pour nous faire des crêpes. J’avais apporté du sirop d’érable et nous nous
en sommes délectés avec du bon café et du melon d’eau acheté cette semaine à
Gonaïves. Marie-Josée est repartie vers 10h30 pour Port-au-Prince. Je la
reverrai bientôt et nous avons déjà prévu fêter mon anniversaire chez elle à la
fin du mois de mars.
En fin d’avant-midi, mon très original co-loc John a tenu
sa promesse et m’a amené marcher dans les champs de légumes et les rizières.
Nous avons dû marcher 7 kilomètres. C’était vraiment très joli. Le paysage est
très différent de Roseaux où je me trouvais cet été. Au lieu de la plage
paradisiaque, la ville est surplombée de montagnes où se trouvent six forts.
L’empereur Jean-Jacques Dessalines les avait fait construire afin de se
protéger des Français, des Anglais et des Espagnols. Mais je reviendrai
là-dessus une autre fois, quand je serai allé les visiter et que j’aurai l’histoire
complète. Les terres cultivables sont très riches ici. En ce moment, nous
trouvons beaucoup d’oignons, de tomates et de poivrons. C’est une région très
riche pour la riziculture et le café aussi. La balade fut agréable, il ne
faisait pas trop chaud et les nuages nous protégeaient du soleil. J’avais mis
de la crème, mais j’ai quand même brûlé tout croche et me suis fait piquer les
jambes par des moustiques. J’ai aussi eu la peur de ma vie quand j’ai réalisé
qu’un chien s’était arrêté sec avec son museau dans ma jambe. Je croyais qu’il
allait me mordre, mais pour une obscure raison il est reparti. Je crois avoir
une bonne aura auprès des chiens parce que ce n’est pas la première fois qu’un
chien méchant devient une lavette en entrant en contact avec moi. Je touche du
bois pour que ça continue !!! La faim nous appelant, nous sommes rentrés
par la route, contents et ressourcés.
PS: Tout le monde me jure n'avoir presque jamais vu de grosses araignées en Haïti. J'en ai eu une qui est revenue deux soirs de suite dans ma salle de bain et a fini écrasée sous une revue. 3" de diamètre!!! C'est gros et svp arrêtez de me dire que j'ai une perspective distortionnée de ces bêtes!!! Elles sont grosses et poilues et me TE-RRO-RISENT. Voilà, c'est dit! J'espère que c'est ma dernière histoire d'anthropode pour les quatre prochains mois!
J'voulais mettre plus de photos, mais j'ai eu des petits problèmes... Prochaine fois!
RépondreSupprimerC'est super de pouvoir lire tes aventures! :) Jolie ta chambre! Courage avec les araignées! xx
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