Titre de noblesse
Chaque famille a sa façon d’élever ses enfants. Chaque
culture a sa notion de la politesse. Ici, sans vouloir porter de jugement de
valeur, la politesse est directement proportionnelle au niveau d’éducation
reçue (un peu comme chez nous finalement). Cependant, elle a aussi ses
particularités. Par exemple, à chaque fois que je termine une rencontre avec un
partenaire et que je lui demande s’il a autre chose à ajouter, il se confond en
remerciements comme si j’étais le Dalaï Lama ou Mère Teresa ou je ne sais
quelle divinité (ok certains d’entre-vous diront que je le suis, mais ces
personnes ne sont pas objectives, je vous l’assure). Étant donné que nous
sommes quatre blancs à habiter la ville (il y a quelques religieuses aussi,
mais je ne les ai pas encore vus), disons que notre passage dans la ville, ne
manque pas d’attirer l’attention. Il est donc systématique d’entendre
« Blanc, blanc, blanc!!! », ou encore « Mon blanc!!! » et
celui qui détient la palme d’or, le très populaire « Blanc, banm kòb
(donne-moi de l’argent)».
En revenant de notre balade dans les champs dimanche
dernier, John et moi sommes tombés sur un groupe de garçons d’environ 10 ans.
Ils avaient attaché une ficelle aux pattes d’un magnifique oiseau coloré.
Malheureusement, je n’ai pas pris de photo de la pauvre bête, j’étais trop
traumatisée… Le garçon tenant la ficelle :
-
Mon blanc, banm kòb!
Moi :
-
Non, pas mon blanc, Madame.
Le garçon :
-
Madame mon blanc, banm kòb!
John :
-
Mais moi aussi je veux de l’argent!!!
Moi :
-
Madame mon blanc… On dirait un titre de noblesse, comme
la duchesse de Mont-Blanc ou je ne sais trop. Ça me plaît!
John :
-
Madame pas madame, c’est tout aussi insultant si tu
veux mon avis!
Moi :
-
Vous allez le détacher cet oiseau j’espère! Ça lui fait
mal ce que vous faites!
Le garçon :
-
Oui, oui nou détaché. M’gain mangé avant! (ça s’écrit
pas comme ça en créole, mais c’est pour la compréhension)
Moi (les yeux exorbités) :
-
…
John :
-
Allez vient, on continue…
Partenaires
Cette semaine, j’aurai enfin réussi à revoir mes partenaires
individuellement. J’ai même rencontré le maire de Marchand Dessalines dans son
minuscule et poussiéreux bureau orné de vieux bouquets de roses en tissus qu’on
retrouverait au Dollarama. Il a été très sympathique et nous a donné son appui.
Phito qui est le nouvel organisateur communautaire mandaté par le ministère des
sports, des loisirs et de l’action civique à la ville de Dessalines, est très
motivé. Mais le pauvre homme bégaye comme jamais. À chaque fois que j’ai à lui
parler (et j’aurai à lui parler trèèèèès souvent dans les quatre prochains
mois), je pense à King’s Speech et ça me déconcentre. Je sais que je dois tout
simplement le laisser parler et être patiente et c’est ce que je fais, mais
avec mon léger déficit d’attention, je finis toujours par perdre le fil de la
conversation et à ne plus savoir de quoi il me parle. M’enfin, il est gentil,
très motivé et particulièrement structuré. C’est grâce à lui que j’ai rencontré
le maire et les scouts. J’ai aussi rencontré deux autres de mes partenaires
cette semaine, les choses se clarifient et nous aurons du pain sur la planche!
Nous nous sommes entendu pour organiser une table ronde avec des jeunes. Il a
fallu déterminer ce qui définissait le terme « jeune »… Ici, jeune ça
veut dire 15 à 30 ans…
Moi : - …
Océan : - Ouais, je sais…
Alors, nous ciblerons les 12-20 ans pour le moment.
Un autre bon coup, dont je suis quand même un tout petit peu
fière… À la recommandation de Caroline Morissette, j’avais contacté la fille
qui s’occupe des liaisons entre YMCA Montréal et YMCA Haïti. J’ai donc envoyé
un courriel aux gens de YMCA Haïti, me disant que je n’aurais soit pas de
nouvelles, soit des nouvelles qu’éventuellement un jour, avant mon départ
peut-être. À ma grande surprise, quelques heures après l’envoi de mon courriel
je recevais un appel de la coordonnatrice des activités et de la programmation
pour une rencontre avec elle et le secrétaire général de l’organisme. Je les
vois donc jeudi de la semaine prochaine, après le carnaval. Je ne me serai pas
acheté des vêtements propres pour rien finalement!
St-Valentin
Afin de noyer mon chagrin d’être loin de mon valentin (parce
que tout le monde sait combien c’est important pour moi cette fête… humhum…),
j’ai décidé de faire un gâteau. N’ayant pas de poudre à pâte, j’ai dû demander
à maman une recette avec du soda à pâte. Ce qu’elle s’empressa de me donner par
Facebook. J’ai donc cuisiné le gâteau sous le regard attentif des deux ménagère,
Faïs et Claire-Renée. Gâteau blanc aux pépites de chocolat. Le stress était
grand, je leur avais promis de leur faire goûter. S’il était mauvais ou raté,
la honte que j’aurais… J’ai donc décidé de faire un caramel au lait pour mettre
sur le gâteau. En bout de ligne, j’ai donné un énorme morceau à Faïs qui en a
donné à ses quatre enfants et son mari le soir venu. Depuis ce temps, elle me
présente ses enfants un à un et ils me disent tous combien ils ont adoré la
sucrerie. Finalement, j’aime bien la St-Valentin!
Hôpital
Samedi le 4 février, jour du mariage de ma sœur avec son
doux, je me suis réveillé avec les amygdales enflées. Le lundi suivant, c’était
la veille de mon départ, je n’avais absolument pas envie de perdre mon temps à
la clinique. J’avais encore des courses à faire et je devais finir de préparer
mes bagages. Je n’y suis donc pas allé. La semaine dernière, je me suis dit que
ça passerait, qu’en me gargarisant avec de l’eau et du sel et en prenant de
l’huile d’origan, cet anti-biotique naturel, ça passerait, mais non… À mon
grand désarroi, mercredi matin, je me suis levé avec les amygdales carrément
dans la bouche. Faïs a donc décidé de m’amener à l’hôpital. Première
étape : traverser le bâtiment pour se rendre au bureau d’inscriptions.
Deuxième étape : passer devant tout le monde aux inscriptions (je vous
laisse deviner pourquoi). Troisième étape le triage… Deux madame, ne parlant
pas français, dans la salle d’attente. La première me présente le pèse
personne. Sérieux, comme ça devant tout le monde??? Je me résigne donc à me
faire peser. Les dames sont contentes, je suis pesante et ici c’est signe de
santé et de beauté, yé! Je m’assois ensuite à côté de la deuxième dame qui me
tend un thermomètre électronique comme j’en ai un chez moi. Je le regarde, je
la regarde… Ok… Je prend le thermomètre et le porte à ma bouche, lui faisant
aveuglément confiance puisque je ne l’ai pas vu le stériliser ou le nettoyer.
C’est à se moment que je reçois un grand coup sur le bras et que je réalise que
tous les patients de la salle d’attente, Faïs et mon coloc Thalès qui nous
avait accompagné, sont morts de rire. Sous le regard péremptoire de la dame, je
comprends que c’est sous mon bras que je dois mettre l’engin… Mon metteur en
scène au CEGEP m’avait une fois dit que tant qu’à se planter, aussi bien le
faire avec panache. Je suis donc allée jusqu’au bout de l’humiliation en
l’assumant et en riant de bon cœur moi aussi.
Hihi, au moins, c'était pas un thermomètre rectal!
RépondreSupprimerAha! J'ai pensé comme Ève! Chouette chouette le blogue! Ah, le choc de l'oiseau attaché! ouch! Et quel sympathique personnage que ce bègue! :)
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