vendredi 17 février 2012

Blogue 3: Hôpital, Partenaires, St-Valentin et titre de noblesse


Titre de noblesse
Chaque famille a sa façon d’élever ses enfants. Chaque culture a sa notion de la politesse. Ici, sans vouloir porter de jugement de valeur, la politesse est directement proportionnelle au niveau d’éducation reçue (un peu comme chez nous finalement). Cependant, elle a aussi ses particularités. Par exemple, à chaque fois que je termine une rencontre avec un partenaire et que je lui demande s’il a autre chose à ajouter, il se confond en remerciements comme si j’étais le Dalaï Lama ou Mère Teresa ou je ne sais quelle divinité (ok certains d’entre-vous diront que je le suis, mais ces personnes ne sont pas objectives, je vous l’assure). Étant donné que nous sommes quatre blancs à habiter la ville (il y a quelques religieuses aussi, mais je ne les ai pas encore vus), disons que notre passage dans la ville, ne manque pas d’attirer l’attention. Il est donc systématique d’entendre « Blanc, blanc, blanc!!! », ou encore « Mon blanc!!! » et celui qui détient la palme d’or, le très populaire « Blanc, banm kòb (donne-moi de l’argent)».

En revenant de notre balade dans les champs dimanche dernier, John et moi sommes tombés sur un groupe de garçons d’environ 10 ans. Ils avaient attaché une ficelle aux pattes d’un magnifique oiseau coloré. Malheureusement, je n’ai pas pris de photo de la pauvre bête, j’étais trop traumatisée… Le garçon tenant la ficelle :
-       Mon blanc, banm kòb!
Moi :
-       Non, pas mon blanc, Madame.
Le garçon :
-       Madame mon blanc, banm kòb!
John :
-       Mais moi aussi je veux de l’argent!!!
Moi :
-       Madame mon blanc… On dirait un titre de noblesse, comme la duchesse de Mont-Blanc ou je ne sais trop. Ça me plaît!
John :
-       Madame pas madame, c’est tout aussi insultant si tu veux mon avis!
Moi :
-       Vous allez le détacher cet oiseau j’espère! Ça lui fait mal ce que vous faites!
Le garçon :
-       Oui, oui nou détaché. M’gain mangé avant! (ça s’écrit pas comme ça en créole, mais c’est pour la compréhension)
Moi (les yeux exorbités) :
-      
John :
-       Allez vient, on continue…

Partenaires
Cette semaine, j’aurai enfin réussi à revoir mes partenaires individuellement. J’ai même rencontré le maire de Marchand Dessalines dans son minuscule et poussiéreux bureau orné de vieux bouquets de roses en tissus qu’on retrouverait au Dollarama. Il a été très sympathique et nous a donné son appui. Phito qui est le nouvel organisateur communautaire mandaté par le ministère des sports, des loisirs et de l’action civique à la ville de Dessalines, est très motivé. Mais le pauvre homme bégaye comme jamais. À chaque fois que j’ai à lui parler (et j’aurai à lui parler trèèèèès souvent dans les quatre prochains mois), je pense à King’s Speech et ça me déconcentre. Je sais que je dois tout simplement le laisser parler et être patiente et c’est ce que je fais, mais avec mon léger déficit d’attention, je finis toujours par perdre le fil de la conversation et à ne plus savoir de quoi il me parle. M’enfin, il est gentil, très motivé et particulièrement structuré. C’est grâce à lui que j’ai rencontré le maire et les scouts. J’ai aussi rencontré deux autres de mes partenaires cette semaine, les choses se clarifient et nous aurons du pain sur la planche! Nous nous sommes entendu pour organiser une table ronde avec des jeunes. Il a fallu déterminer ce qui définissait le terme « jeune »… Ici, jeune ça veut dire 15 à 30 ans…

Moi : - …
Océan : - Ouais, je sais…

Alors, nous ciblerons les 12-20 ans pour le moment.

Un autre bon coup, dont je suis quand même un tout petit peu fière… À la recommandation de Caroline Morissette, j’avais contacté la fille qui s’occupe des liaisons entre YMCA Montréal et YMCA Haïti. J’ai donc envoyé un courriel aux gens de YMCA Haïti, me disant que je n’aurais soit pas de nouvelles, soit des nouvelles qu’éventuellement un jour, avant mon départ peut-être. À ma grande surprise, quelques heures après l’envoi de mon courriel je recevais un appel de la coordonnatrice des activités et de la programmation pour une rencontre avec elle et le secrétaire général de l’organisme. Je les vois donc jeudi de la semaine prochaine, après le carnaval. Je ne me serai pas acheté des vêtements propres pour rien finalement!

St-Valentin
Afin de noyer mon chagrin d’être loin de mon valentin (parce que tout le monde sait combien c’est important pour moi cette fête… humhum…), j’ai décidé de faire un gâteau. N’ayant pas de poudre à pâte, j’ai dû demander à maman une recette avec du soda à pâte. Ce qu’elle s’empressa de me donner par Facebook. J’ai donc cuisiné le gâteau sous le regard attentif des deux ménagère, Faïs et Claire-Renée. Gâteau blanc aux pépites de chocolat. Le stress était grand, je leur avais promis de leur faire goûter. S’il était mauvais ou raté, la honte que j’aurais… J’ai donc décidé de faire un caramel au lait pour mettre sur le gâteau. En bout de ligne, j’ai donné un énorme morceau à Faïs qui en a donné à ses quatre enfants et son mari le soir venu. Depuis ce temps, elle me présente ses enfants un à un et ils me disent tous combien ils ont adoré la sucrerie. Finalement, j’aime bien la St-Valentin!

Hôpital
Samedi le 4 février, jour du mariage de ma sœur avec son doux, je me suis réveillé avec les amygdales enflées. Le lundi suivant, c’était la veille de mon départ, je n’avais absolument pas envie de perdre mon temps à la clinique. J’avais encore des courses à faire et je devais finir de préparer mes bagages. Je n’y suis donc pas allé. La semaine dernière, je me suis dit que ça passerait, qu’en me gargarisant avec de l’eau et du sel et en prenant de l’huile d’origan, cet anti-biotique naturel, ça passerait, mais non… À mon grand désarroi, mercredi matin, je me suis levé avec les amygdales carrément dans la bouche. Faïs a donc décidé de m’amener à l’hôpital. Première étape : traverser le bâtiment pour se rendre au bureau d’inscriptions. Deuxième étape : passer devant tout le monde aux inscriptions (je vous laisse deviner pourquoi). Troisième étape le triage… Deux madame, ne parlant pas français, dans la salle d’attente. La première me présente le pèse personne. Sérieux, comme ça devant tout le monde??? Je me résigne donc à me faire peser. Les dames sont contentes, je suis pesante et ici c’est signe de santé et de beauté, yé! Je m’assois ensuite à côté de la deuxième dame qui me tend un thermomètre électronique comme j’en ai un chez moi. Je le regarde, je la regarde… Ok… Je prend le thermomètre et le porte à ma bouche, lui faisant aveuglément confiance puisque je ne l’ai pas vu le stériliser ou le nettoyer. C’est à se moment que je reçois un grand coup sur le bras et que je réalise que tous les patients de la salle d’attente, Faïs et mon coloc Thalès qui nous avait accompagné, sont morts de rire. Sous le regard péremptoire de la dame, je comprends que c’est sous mon bras que je dois mettre l’engin… Mon metteur en scène au CEGEP m’avait une fois dit que tant qu’à se planter, aussi bien le faire avec panache. Je suis donc allée jusqu’au bout de l’humiliation en l’assumant et en riant de bon cœur moi aussi.

2 commentaires:

  1. Hihi, au moins, c'était pas un thermomètre rectal!

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  2. Aha! J'ai pensé comme Ève! Chouette chouette le blogue! Ah, le choc de l'oiseau attaché! ouch! Et quel sympathique personnage que ce bègue! :)

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