Funérailles à la pluie! Une vraie scène de film!!! |
Cette semaine qui vient de passer
peut se résumer à 2 choses : Réunions et Organisation. Beaucoup de
réunions pour peu d’organisation. La première réunion a eu lieu lundi soir avec
mes partenaires les plus assidus. J’ai usé des mêmes stratagèmes qu’avec mes
bien aimés animateurs scouts. Je sais que je risque de perdre une partie de mon
autorité avec ceux-ci en révélant mes tactiques, mais puisque je suis en fin de
carrière, je ne joue pas si gros que ça! Alors, c’est avec un grand sourire et
la plus grande diplomatie du monde que je leur ai déclaré :
-
J’ai fait une grosse erreur!
-
???
-
Depuis un mois, je vous écoute parler et j’essaie de
vous organiser (pas tout-à-fait, mais on s’en fout, c’est toujours bien de se
déclarer coupable de quelque chose avant!). Je n’aurais pas dû faire ça. Je
considère, maintenant que je vous connais mieux, que vous avez toutes les
compétences requises, en travaillant ensemble, pour vous organiser tout seul. À
partir de maintenant, je vous propose de travailler ensemble et je ne ferai que
vous donner des conseils quand vous en aurez besoin et que vous m’en ferez la
demande.
-
…
Finalement, Dunel, le responsable
du Clac a prit la parole.
-
Vous avez entendu Catherine? On doit commencer à
travailler par nous-même! Alors, on commence quand?
-
Ok, ok, ok…
Ils ont fini par se donner un
autre rendez-vous le mercredi suivant. Je leur ai demandé de quoi ils allaient
discuter, ils m’ont répondu qu’ils allaient décider de cela pendant la réunion.
(soupir!) Ah oui, il manquait un participant à cette réunion. Mercredi matin
j’ai reçu le texto suivant en fran-créole :
« Bonjour Mme Catherine, n’y
avait pas de rencontre parce que y avait la pluie aux heures de la
rencontre. » (re-soupir!)
Mercredi, en début d’après-midi,
Phito a réussi à m’avoir un rendez-vous avec les deux hommes les plus occupés
de la ville de Dessalines, et j’ai nommé Patrick qui est conseiller aux
communications et à la jeunesse à la mairie et initiateur de mon mandat, et
Hyppolite, le responsable de Pays Savoie Solidaire, organisme français qui
finance à 90% la mairie.
Moi : - Messieurs, vous ne
pouvez pas savoir comme je suis contente que vous preniez un peu de temps pour
discuter avec moi.
Hyppolite : - Ça nous fait plaisir
Catherine. Pose-nous tes questions.
Moi : - Messieurs, j’ai de
la difficulté à situer où se trouvera le service récréatif par rapport à la
Plateforme des jeunes et par rapport au Clac, mais plus précisément dans
l’organigramme de la mairie.
Eux : - … (J’entendais
littéralement Marie-Aude faire son chant de criquets.)
Moi : - Et sachant que PSS
octroie un budget à la Plateforme des jeunes pour un certain nombre d’activités
par année, je me demandais si vous alliez aussi soutenir partiellement les activités
du Service Récréatif?
Eux : - …
Finalement, Hyppolite a pris la
parole.
Hyppolite : - Ce sont
d’excellentes questions (Duh! Vous auriez peut-être dû vous les poser AVANT que
j’arrive!), et je ne comprend pas, Patrick, que vous ne vous soyez pas posé la
question avant (Bon! Enfin quelqu’un qui sait travailler!). Tout dépendant d’où
s’insérera le Service Récréatif, s’il dépend de la mairie, il est évident que
PSS, par le biais de la mairie, soutiendra certains des projets du service.
Moi : - Mais est-ce que cela
risque de pénaliser la Plateforme et de lui enlever du financement? Parce que
si tel est le cas, notre objectif de travailler tous ensemble risque de ne pas
fonctionner.
Eux : - ...
S’en est suivi un long débat en
créole entre Patrick et Hyppolite sur ce qui s’insérait dans quoi… La
Plateforme dans le Service, le Service dans la Plateforme, maman dans papa,
papa dans maman… Enfin bref, Patrick et Hyppolite étant deux des personnes les
plus raisonnées que j’aie eu l’occasion de rencontrer jusqu’à maintenant, nous
avons réussi à établir où se situait quoi et comment tout ce beau monde devrait
travailler ensemble. Première rencontre en créole terminée, mal de tête en
prime.
Deuxième rencontre de la journée
avec ma gang du lundi pour discuter de ??? et préparer notre rencontre du
lendemain avec YMCA Haïti. Ils ont passé 1h30 à s’obstiner, en créole, sur le
lieu où devrait se construire le YMCA malgré le fait que je leur disais qu’il
n’y avait pas de promesse, que ça n’avait pas de sens de construire un centre
communautaire sur un terrain de foot et que la priorité était plutôt de
préparer une liste de questions à leur poser. En fin de rencontre, je leur ai
demandé de n’envoyer qu’un seul représentant par organisation impliquée. Le
lendemain matin, nous devions être dix personnes avec les gens du YMCA et même
à cela, je trouvais ça trop.
Jeudi matin, 10h… Il y a une
vingtaine de personnes. Phito me demande où nous allons mettre l’assistance,
j’ai envie de l’étrangler parce que les trois-quarts des gens sur place ne
m’ont jamais été présentés.
Lucie : - Qui sont ces gens?
Moi : - Je ne le sais
pas!!!! On était supposé être 10 incluant toi, moi et le maire!!!
Nous avons donc commencé la
réunion. Tous ces gens, des dirigeants des associations se sont mis à demander
ci et demander ça… Et il faut de l’argent pour la réfection du terrain de foot,
et il faut de l’argent pour de l’équipement, et qu’est-ce que vous allez nous
donner!!! Les gens du YMCA avaient l’air de se dire « encore des demandes… »,
malgré le fait qu’ils insistaient qu’ils étaient là dans un esprit de
communauté et pas pour des demandes individuelles. Personne n’a eu l’air fou en
soit, parce qu’étant des dirigeants, ils ont quand même un certain sens des
affaires et du décorum, mais quand même…
Après la rencontre, le Secrétaire
Général de YMCA-Haïti m’a dit :
-
Catherine, trop de chefs, pas assez d’Indiens… Je vois
beaucoup de nuages planer au-dessus de ce projet et des tiens aussi.
Ça m’a fait me questionner
beaucoup… Encore…
Moi : -
Lucie, je ne suis pas certaine que ces gens soient prêts à travailler ensemble.
Je crois qu’il va falloir redéfinir certaines choses dans mon mandat.
Lucie : -
Ouais, peut-être… Mais tu travailles bien et si tout ce que tu réussis à faire
c’est du débroussaillage, ben ça aura au moins été ça de bénéfique pour eux.
Moi : -
Ouais… Ça va faire du bien de me changer les idées en fin de semaine.
Vendredi matin, nous partons John
(mon partenaire, pas mon coloc), Phito, Lucie, Louis-Charles (un nouveau
conseiller et futur coloc) et moi, pour Gonaïves. Phito, John, Altidor (qui
nous rejoignait là-bas) et moi avions rendez-vous avec la brigade de lutte
contre la criminalité à la Minustah.
Parenthèse… Nous arrivons dans
l’enceinte de ce camp de la Minustah. Très valorisant pour une fille qui n’a
pas l’habitude que tous les hommes se retournent sur son passage (je me disais
justement, Claudia Shiffer, sors de ce corps!!!). Nos hôtes spécifient même
combien ils sont honorés d’avoir une femme autour de leur table. Bref, je n’ai
pas pu m’empêcher de répondre au casque bleu québécois qui m’a directement
salué et qui n’était vraiment pas si mal :
-
Vous devez vraiment avoir chaud dans vos uniformes. Et
ça ne doit pas sentir bon en fin de journée. (Belle « pick-up line »,
vous trouvez pas?)
Bref, pendant le trajet,
j’avertis Phito que nous allons là dans le but de nous présenter et de leur
faire part de ce que nous tentons de mettre sur pied et non pour demander de
l’argent!!! Même s’ils ne sont pas cons et qu’ils savent que nous venons pour
cela.
Nous avons convenu de tenir la
réunion en créole puisque l’un d’entre eux ne parlait qu’anglais et créole et
que tous les autres étaient Haïtiens. J’ai eu le droit de parler français, mais
j’ai dû me concentrer encore une fois pour suivre la conversation (et je vous
assure, c’est épuisant). Phito n’a pu s’empêcher de parler d’argent et de
réfection du terrain de foot. Et les messieurs de la Minustah de lui répliquer
qu’ils mettraient de l’argent si la mairie arrivait à aller chercher de l’argent
à l’état d’abord pour ce projet. En d’autres mots « les boys, arrêtez de
nous prendre pour des vaches à lait ». J’ai donc eu la bonne idée, et vous
m’excuserez de me lancer des fleurs mais j’en avais un peu besoin après tout
ça, de leur demander s’ils avaient un programme de formation en intervention
jeunesse qui nous permettrait de former des représentants des associations pour
qu’ils puissent eux-mêmes intervenir dans leur milieu pour lutter contre la
criminalité. Bref, leur donner les outils pour qu’ils puissent mettre sur pied
leurs propres campagnes de prévention et intervenir eux-mêmes s’ils décelaient
des traces de délinquance chez certains de leurs jeunes. Et c’est là que les
quatre gars de la Minustah nous ont montré leurs dents pour la première fois.
Yeah!
En ressortant, nous avons croisé
deux soldats en uniforme qui sortaient des toilettes avec leurs gros guns.
Moi : - Je me demande
comment ils font pour aller aux toilettes avec tout leur équipement comme ça…
Mes partenaires : - …
(pourquoi elle se pose des questions comme celle-là???)
Après je me suis demandé ce
qu’ils faisaient avec leurs gros guns pendant ce temps… Je n’ai pas osé aller
vérifier s’ils avaient des supports à gros guns vissés à l’intérieur des portes
de toilettes. Vous savez comme les paniers à mitaines dans les toilettes des
centres de ski? Tk…
Lancement du tournoi
inter-scolaire
Avec Phito et John Pierre |
Thalès et Louis-Charles m'ont accompagné au tournoi |
Impressionnant, non???
Fin de semaine
Catherine et Élise sont venues
nous voir en fin de semaine. Ça faisait encore plaisir de les revoir. Nous
sommes allées nous promener au marché. Comme je l’ai déjà mentionné, bien loin
du bucolique marché Jean-Talon. Nous nous sommes demandé un certain temps ce
qu’il y avait de gris et mou et entouré de mouches dans de grands bols en métal
sur les étals de viandes… Des tripes de porc ou de bœuf?!? Je vous épargnerai
les photos et j’épargnerai mes propres tripes en n’en faisant pas l’expérience
culinaire. J’ai refusé d’acheter trois carottes pour 1$ et une madame nous a
vendu beaucoup de trop d’épinard Haïtiens. Je ne sais vraiment pas ce que je
vais faire avec.
L’hystérique : - Sortez de
là, sortez de là…
Moi : - Ben voyons, pourquoi
il capote comme ça???
L’hystérique : - Vous n’avez
pas le droit de marcher dans notre pays, maudits blancs… Pas le droit de
marcher dans notre pays… (Etc.)
Moi : - Pensez-vous qu’il va
descendre et nous courir après?
Élise : - Bah, allons voir le
paysan là-bas, il va bien nous dire si ça le dérange qu’on marche dans ses
champs.
Moi : - Bonsoir Monsieur.
Vos champs sont magnifiques. Ça ne vous dérange pas qu’on s’y promène.
Le paysan (en créole) : -
Non, pas du tout! C’est vrai que c’est joli et vous faites bien de vous balader
à cette heure!
Moi : - Merci!
Y’a des connards et des gens
sympathiques partout!
Le soir, nous avons pris l’apéro
chez Lucie tous ensemble. Le souper fut agréable et bien arrosé. Je ne sais pas
si c’est la chaleur, mais ma tolérance à l’alcool est beaucoup moins grande
qu’au Québec. Le lever du corps du lendemain fut fastidieux…
Frite de lendemain de veille |
Dimanche matin, nous sommes
partis plus tard que prévu (c’est chiant le changement d’heure) pour la plage
où nous avons rejoint Marie-José, son ami Yann-Cédric, Dorice, Johanne et
Sophie qui sont d’autres coopérantes de Port-au-Prince et Jacmel. La mer était
bleue et j’y serais resté une semaine à flotter et à me laisser bercer par les
vagues. Même si ça me donnait un peu mal au cœur cette fois… Détail…
Goûtes d'oreilles post-amygdalite |
Héhé! J'adore les photos du tournoi de foot, tu es vraiment la seule fille et la seule blanche! J'aurais payé cher pour voir le coup d'envoi. ;)
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