mardi 27 mars 2012

Blogue 9 : Émotions…


Momo qui s'ennuie de moi à Montréal
(crédit photo mon papa)
«  Nous ne saurons jamais tout le bien qu’un simple sourire peut être capable de faire. » Mère Teresa

Cité de l’Espoir

On m’a amené dans une rencontre à Cité de l’Espoir. En y entrant, j’ai compris pourquoi on appelait cet endroit ainsi. C’est un quartier d’environ 4000 à 5000 habitants en arrière du terrain de jeu et du cimetière. Là où on a cessé de paver la route parce que cela n’était pas rentable. Là où on suggère d’aller jeter les déchets ménagers et les animaux morts. Là où les habitants disent qu’on les considère comme des bêtes ou de simples brins de paille (on l’appelle aussi Cité paille).

Bébé de André, un de nos gardien
J’ai écouté les représentants d’organisations communautaires se raconter, puis expliquer pourquoi ils voulaient s’associer. J’ai fait ce que j’ai pu pour leur donner des conseils. Je leur ai expliqué ce que c’était le communautarisme. Je leur ai donné des idées pour organiser des activités sans argent. J’ai essayé de les convaincre que ça se pouvait d’organiser une soupe populaire en demandant à tout le monde d’apporter un légume pour faire un gros potage, que les enfants, ils se contenteraient bien de jeux amusants sans être obligé de faire tirer des prix de présence (un vélo, un cellulaire!?!? Pourquoi!?!?). « Et le DJ Madame Catherine, il faut le payer, le DJ! » Mais non, vous demandez à tous les gens du quartier qui jouent d’un instrument de l’apporter et ils font un gros Jam collectif! « Ah, ben oui… ».

Et il y avait cette toute petite fille d’environ trois ans qui m’observait pendant tout ce temps, de différents angles de la cour. Elle portait une jolie robe bleue avec un petit col blanc et un large ruban s’attachant en boucle molle dans le dos. Sur le volant de la robe il y avait un imprimé floral dans les tons de rose. Une robe qui tourne, comme les princesses de trois ans les aiment tant! Petite, ma cousine Geneviève aurait sûrement dit : « manque juste du ti moutiquaire »!

À un moment, la fillette me pointait du doigt en rigolant avec un garçon. L’autre, elle me souriait tout simplement, puis son regard chocolat se fixait sur le mien comme si elle tentait de lire mes pensées. On a même dû me ramener à l’ordre parce que je ne suivais plus la conversation, trop captivée par cette enfant.

À la fin de la réunion, j’ai salué tout le monde et j’ai envoyé la main aux enfants. La petite m’a répondu par un petit signe de la main. Je me suis approché d’eux, elle s’est dégagée du groupe, puis voyant que je m’accroupissais pour être à sa hauteur, elle m’a imité. C’est alors que, d’une main, elle a pris mon bras pour le soutenir, tandis que de l’autre elle le caressait, complètement fascinée par la couleur de ma peau. Sa maman m’a dit que c’était la première fois qu’elle voyait une blanche. Satisfaite de l’expérience, elle a fini par me redonner mon bras. Elle m’a fait un dernier sourire, m’a embrassé sur la joue et est allée se réfugier dans les bras de sa mère.

Faïs, André et Claire-Renée qui m'ont
chanté joyeux anniversaire en créole
(même chose qu'en français!!!)
Cette rencontre est venue me chercher… Je me suis sentie extrêmement démunie face à cet autre palier de pauvreté. Tous les jours j’en vois. Et tous les jours, je découvre qu’il y a pire. Et tous les jours, je me demande pourquoi tous ces sourires. Et tous les jours je me demande comment on peut appeler un bidonville « Cité de l’Espoir ». Et aujourd’hui, ça m’a frappé de plein fouet. Même si je le savais déjà, j’ai pris conscience que peu importe mes actions, tout ceci est beaucoup trop grand pour moi… Qu’une enfant de trois ans qui n’a probablement aucun avenir ait le pouvoir de venir déclencher en moi toutes ces émotions, c’est trop grand pour moi.

Alors, pour elle, je vais faire de mon mieux. Pour elle, je vais essayer de semer un peu d’espoir pendant mon séjour ici. Et pour elle, en rentrant, je vais tout faire pour être heureuse. Parce que si elle en est capable à Cité de l’Espoir, j’en serai capable moi aussi à Montréal.

Blocus

Vendredi matin, nous partons un autre coopérant et moi pour Port-au-Prince. Je vais y passer la fin de semaine pour fêter mon anniversaire avec des amis. Jean-Joseph lui, continue vers Jacmel pour une rencontre en fin d’après-midi.

Blocus de vaches au retour de Port-au-Prince
En arrivant à Arcahaie, la route bloque. On nous dit que c’est parce qu’il y a une inondation. Le chauffeur décide donc de contourner la route par les terres, comme plusieurs autres véhicules. Nous roulons à travers les bananiers dans de petits villages. Presque arrivés à l’autoroute, les véhicules ralentissent et finissent par s’arrêter. Nous apprenons alors que des habitants bloquent l’accès à la route 1 pour faire pression sur le gouvernement qui n’a pas nettoyé les canalisations ce qui a provoqué l’inondation. Je ris un peu dans ma barbe, me disant que je ne peux pas me plaindre puisque j’appuie les mesures de pression des étudiants à Montréal et que j’ai ouvertement critiqué les gens qui se sentent brimés par ces moyens de pression.

Cependant, veuillez noter que nous sommes une cinquantaine de voitures et que c’est une route étroite au milieu de nulle part, on s’entend qu’on a vu plus convainquant comme moyen de pression. Au bout de vingt minutes, notre chauffeur revient en disant que la barricade a été ouverte et que nous pourrons passer. Presque arrivés à la grande route, le conducteur deux véhicules en avant de nous, décide de baisser sa vitre pour donner de la marde aux manifestants. Que pensez-vous qu’ils ont fait? Non seulement ils ont remis la barrière, mais ils ont stationné un camion de marchandises et enlevé les clefs à son pauvre chauffeur innocent.

Autour des voitures, les gens discutaient calmement, des fois certains haussaient le ton un peu, mais rien de trop inquiétant. Cela dit, je restais quand même dans la voiture, question de ne pas attirer l’attention. Nous avons cependant appris que des dignitaires et des politiciens étaient passé sur la route 1 sans que personne ne les arrête. J’ai encore une fois repensé à nos étudiants québécois (dont je devrais faire partie en septembre d'ailleurs), qui posent au moins des gestes qui dérangent, qui font jaser. J’avais envie d’aller voir les manifestants Haïtiens pour leur recommander d’aller manifester devant la maison du député ou de quelque haut dignitaire de l’Artibonite. Ou de carrément bloquer la route 1! Pas une route secondaire sans importance!!!!

Pour changer les choses, il faut agir, il faut se faire voir, il faut débattre et opposer des idées, il faut déranger et surmonter nos peurs. Ici, soit on bloque une route sans importance, soit ça éclate en effusion de sang. Je préfère vivre dans une société maladroite qui fait valoir son point de vue que dans une société qui a tendance à basculer dans l’extrême pour échouer à se faire entendre. Les actions des jeunes (et moins jeunes) québécois sont probablement souvent maladroites, mais au moins elles résonnent!

Mon anniversaire

J’ai donc passé la fin de semaine de mon anniversaire à Port-au-Prince chez Marie-José avec Catherine et Élise. Samedi matin, nous sommes allé magasiner dans une boutique d’artisanat. En après-midi nous nous la sommes coulé douce sur le bord de la piscine au guest house du PCV. En soirée, mon ami Nicolas est venu nous rejoindre avec une copine pour le souper. Ce fût fort agréable!

Lundi, ma sœur m’a fait une belle surprise. Elle avait invité certaines de mes copines à la maison et elles m’ont fait une fête surprise sur Skype! J’ai donc pu prendre l’apéro avec elles et le beauf. C’était le plus beau cadeau d’anniversaire qu’on ne pouvait pas me faire! Quoiqu’un collier de perles ou un voyage en Asie aussi auraient été satisfaisants… hihihi!!!!! Merci tout le monde pour les vœux d’anniversaire. Je me suis sentie un peu moins loin de vous! 

Party de départ de Stève au guest à PaP
Claude a décidé de mettre son suit pour
le pary de départ de Stève vue qu'il n'a
pas servi encore pendant son mandat.


Mousseux pour l'occasion (On a aussi souligné
mon anniversaire... Mais je suis allé
me cacher quand j'ai entendu la rumeur qu'on
songeait à me jeter dans la piscine.)

Claude a mis sont deuxième suit, pour pas qu'il soit jaloux.
On le voit ici avec Joëlle, la coordo de PaP.
Mousseux rosé pour l'apéro chez Marie-José

Contentes de boire le vraiment pas si mal mousseux
rosé pour l'apéro chez Marie-José

En plein apéro sur la très agréable terrasse de Marie-José
Bon, l'éclairage est merdique, on est pas verts comme ça dans la vraie vie... Nic avait la tâche de me
garder assise pendant que les filles préparaient quelque chose dont je ne pouvais absolument pas
me douter dans le circonstances d'un anniversaire!!!

Vous aviez deviné!!!! Mon gâteau d'anniversaire méga sucré! 
Heureusement que je me suis rasé les
aisselles avant de couper mon gâteau!

Encore une fois, je suis floue sur une photo de groupe... Et je n'ai aucune idée pourquoi Nic est penché comme ça...
Ce fût une très belle soirée!!! Merci à mes amis en Haïti qui se sont bien occupé de moi!
Et à mes amis ailleurs, je dis que vous étiez avec moi de toute manière, sur Facebook, Skype, par courriel, mais surtout dans mon coeur! xxxx (Arh... J'm'écoeure quand j'suis quétaine comme ça, mais que voulez-vous c'est la pure vérité!)






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