Je vous demande pardon tout de
suite, je ne suis pas certaine que cette chronique sera aussi rigolote que
certaines autres… Je me suis demandé si le sujet qui suit pourrait offenser des
gens. Si tel est le cas, je m’en excuse, mais il a été difficile pour moi de
rester objective et ouverte d’esprit cette semaine, quant à certaines de mes
opinions. D’ailleurs, en lien avec ce qui suit, je vous suggère la chronique
« Animaux » de Pierre Foglia du lundi 19 mars dans La Presse.
Notre chauffeur logisticien ici à
Dessalines qui est un homme d’à peu près mon âge, est tombé malade il y a
maintenant deux semaines. Au début, il se sentait très fatigué. Ensuite, il a
vomi plusieurs fois et s’est mis à grelotter de fièvre. Il est allé passer des
tests de paludismes qui sont ressortis négatifs. Et puis, plus de nouvelles…
Nous étions tous très inquiets.
Une dengue? Un ulcère ayant explosé? Une maladie tropicale inconnue? Une simple
gastro? Après 4-5 jours sans nouvelles, ça commençait à être vraiment bizarre.
Le lundi vers 10h, Lucie m’appelle pour me dire qu’elle revient en vitesse de
Port-au-Price pour lui parler. Entre-temps, un des gardien nous raconte qu’il
est allé le voir. Qu’il est rendu à l’église d’un certain pasteur de confession
ambigu. Qu’il est assis parterre, fiévreux, les yeux vitreux et la voix sèche
et faible. Il refuse de retourner à l’hôpital parce que sa sœur, sa femme et le
pasteur ne veulent pas. Ce ne serait semble-t-il pas une maladie qui se guéri à
l’hôpital. On lui aurait jeté un
sors et il serait en processus de purification… Pourtant, il a vomi du sang la
veille et sa fièvre n’est pas tombée depuis une semaine. Les employés qui
travaillent pour nous ne sont pas d’accord avec ce qui se passe, ils sont très
critiques et eux aussi très inquiets. Nous, nous ne savons pas trop comment
réagir. On a beau être constamment en train d’essayer de comprendre, d’accepter
et de vivre cette culture, là ça dépasse nos capacités d’ouverture d’esprit.
Comment est-ce qu’un homme
intelligent, qui n’est jamais rentré dans une église de sa vie, peut tout à
coup s’en remettre aux mains de Dieu? Je veux bien comprendre que pour certains
ce soit pour l’apaisement de l’âme, la confession des péchés, la purification
ou quelque autre forme de soulagement spirituel. Je peux comprendre qu’un
pasteur ou un prêtre puisse être une figure rassurante devant la mort quand on
a peur. Même si je ne crois pas en Dieu, je crois que ça me rassurerait de
penser que mes grands-parents m’attendent dans l’au-delà, qu’il y a autre chose
après, même si je sais qu’il n’y a probablement rien… Mais de penser que Dieu va me guérir??? Il me semble qu’on
peut être croyant tout en allant à l’hôpital, non? Est-ce que nous n’avons pas
vu des communautés religieuses diriger nos grands hôpitaux pendant des
décennies? Pourtant, on y les soignait les malades! On ne les couchait pas sur
un drap avec d’autres malades et accrochant des ailes d’oiseaux morts au-dessus
d’eux! C’est très poétique et même cinématographique comme image, mais dans les
faits, ça fait un peu peur. C’est peut-être pour ça aussi qu’on arrive pas à
comprendre ou à accepter ce genre de comportements. Peut-être parce que ça nous
fait peur. En même temps, nos collègues Haïtiens trouvaient ça tout aussi
ridicule.
Je suis très fascinée par le
Voodooisme malheureusement, il y a très peu de chances que j’assiste à une
vraie cérémonie Voodoo. Il y en a plein pour les touristes, mais c’est du
théâtre. Je crois qu’il y a des formes de magie inexplicables, des forces de la
nature et de l’homme que nous n’arrivons pas à comprendre parce que ça dépasse
nos connaissances de la science. Lucie me faisait remarque que nous n’utilisons
qu’un maigre pourcentage des capacités de notre cerveau. Au fond, qui sait ce
qu’on peut vraiment en faire? Je pense à ces moines Bouddhistes qui sont
capables de rester immobiles à méditer pendant des jours (je m’assois en lotus
5 minutes et je ne sens plus mes orteils) ou ceux qui entrent en transe. Une
amie de Lucie qui a pu se faire inviter à une vraie cérémonie Voodoo, a vu une
femme se transformer en serpent et ramper pendant des heures dans la pièce. On
s’entend qu’elle n’avait pas d’écailles, mais pour se contorsionner comme ça,
faut le faire!!! À travers l’histoire et dans les livres sacrés, il y a plein
de récits relatant des phénomènes inexplicables. On retrouve de grandes
quantités de témoignages de gens tout à fait normaux, qui ont vécu des épisodes
paranormaux. Pourquoi pas… Peut-être qu’il y a un Dieu, mais s’il avait le
pouvoir de nous guérir, pourquoi n’aurait-il pas le pouvoir de pas nous rendre
malade? S’il n’est que bonté
pourquoi nous punirait-il? Et s’il n’est que colère pourquoi nous
guérirait-il? Et s’il est tout puissant, pourquoi laisserait-il de mauvaises
âmes jeter des sorts à de bonnes personnes?
Tout cela me fait repenser à ce
magnifique film « Des hommes et des Dieux » que j’ai vus le printemps
dernier. Beaucoup de réflexions suite à ce visionnement troublant… Cette scène
tellement touchante, lors de leur dernier repas, où ils écoutent le Lac des
Cygnes de Tchaïkovsky en buvant du vin et en n’étant tout simplement que des
hommes, représente à mon avis, le paradoxe entre la grandeur de l’âme humaine
versus les limites de la foi. Des hommes extrêmement dévoués à la communauté,
généreux et juste, qui se retrouvent devant la fatalité de leur destin malgré
tous leurs efforts. Je doute qu’ils aient pensé que c’était le destin que leur
réservait Dieu quand ils se sont fait assassiner. Dans ce cas, l’homme a été
plus fort que Dieu. Les assassins plus forts parce qu’ils ont défié Dieu, et
les victimes plus fortes parce qu’ils ont accepté le destin que leur
réservaient leurs bourreaux. Vous me direz qu’ils n’avaient qu’à fuir. Je ne
crois pas qu’ils soient restés uniquement pour être en accord avec leur foi,
mais plutôt en espérant protéger la communauté dans laquelle ils vivaient.
C’est ça pour moi, de vrais héros. Mais ne vous inquiétez pas, je n’aspire
aucunement à être une héroïne! Juste être moi-même, c’est suffisant et
amplement de travail!
J’en reviens à l’histoire de
notre chauffeur… Le dit pasteur ayant déjà une certaine réputation, Lucie a
appelé le Père Dessalines, qui est un prêtre catholique très respecté à
Dessalines (il dirige une école secondaire de plusieurs milliers
d’adolescents). Celui-ci lui a répondu : « Lucie, je connais bien cet
homme, mais je ne peux rien faire. Nous n’avons pas du tout la même vision de
la foi et de la vie. Je suis vraiment désolé… ». Tout le monde sait que ce
pasteur siphonne l’argent de ses fidèles en leur faisant croire qu’il les
guérira, des gens en sont morts d’ailleurs. Il devrait être arrêté, mais là, on
rentre dans un autre débat, la justice en Haïti et je n’ai pas encore assez
d’informations pour me faire une opinion. Bref, Lucie a tenté du mieux qu’elle
a pu de convaincre notre chauffeur de la suivre à Port-au-Prince pour qu’il
voit un médecin. Il lui a dit : « Non Lucie, je ne peux pas y
aller… ». Le lendemain, elle est donc repartie pour Port-au-Prince. Vis-à-vis
Montrouis, elle a reçu un appel, c’était lui complètement paniqué :
« Lucie, je veux aller à l’hôpital!!! ». Ils ont rebroussé chemin. Il
a finalement vu un médecin qui lui a dit qu’il faisait une infection urinaire.
Pour le moment on ne sait pas pourquoi il a vomi du sang et fait autant de
fièvre, mais il est revenu à Dessalines, et est retourné chez le pasteur.
Mon mandat, encore…
Sur une note un peu plus absurde.
J’ai passé la semaine dernière à rédiger une planification exhaustive pour les
gens de la mairie, avec un bel échéancier précis. Phito est venu me voir en
m’expliquant que les autres c’était n’importe quoi, que le maire n’avait pas le
temps et qu’il ne voyait pas pourquoi on devrait impliquer les gens de PSS, les
bailleurs de fonds de la mairie, dans le projet (soupir!). Je lui ai tout de même
expliqué la planification et l’échéancier. Il les a pris et m’a
dit : « Je vais regarder ça chez moi, parce que là, je ne me
sens pas très bien. ». Ah, super!
Le lendemain, il est repassé pour
me dire qu’on aurait une rencontre avec d’autres organisations de jeunes
(encore de nouvelles dont je n’ai jamais entendu parler). Je lui ai demandé
s’il pouvait me dire s’il approuvait ma planification et mon calendrier. Il m’a
répondu en faisant un signe du revers de la main : « Mais oui, mais
oui… » En d’autres mots, je n’en ai rien à cirer de ta planification… Je
lui laisse le bénéfice du doute, il a un ultimatum pour me fournir des
documents d’ici vendredi. Je lui laisserai jusqu’à lundi prochain, si rien
avance, je sors mes cornes et mon pénis!
Moulin sur Mer
Je vous laisse cette semaine avec
des photos de Moulin sur Mer, un magnifique hôtel sur la Côte des Arcadins où
les CV de St-Marc et Dessalines avons été invités à souper samedi soir. Le
coucher de soleil était splendide et la nourriture exquise! Merci aux boss du
PCV venus de Montréal qui nous ont payé la traite!
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Faïs notre ménagère et notre gâteau renversé à la mangue Recette de Ricardo |
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Fedex notre autre chauffeur, Faïs et moi |
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Ma première tuque à vie terminée! |
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Extérieur des chambres à Moulin sur Mer |
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Bernie, le singe de Moulin sur Mer |
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Pitoune de quai, tsé! |
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Cette citation au dessus du bar, nous a tous mis un peu mal à l'aise... |
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Rhum sour! |
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Des boss du PCV et Alexis qui danse en arrière avec son drink |
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Manon et moi dans le coucher de soleil... |
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Bonne semaine tout le monde!!! |
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